Quand l’immigration est remise en question


Après l'euphorie de l'arrivée au Québec, la confrontation à la réalité, une fois sur place, peut s'avérer plus rude que prévue.

La personne qui quitte tout pour vivre un projet d’immigration voudra d’abord y voir les nouvelles perspectives qu’une telle aventure pourra ouvrir.

Mais la confrontation à la réalité, une fois sur place, peut s’avérer plus rude que prévue. Selon Immigration Québec, environ 20% des immigrants quittent le pays après quelques années, dont une majorité avaient pourtant pour objectif une immigration permanente.

Qu’est-ce qui motive ces personnes à repartir – ou plutôt, comment expliquer qu’ils ne veulent pas rester ?

LES RAISONS MATÉRIELLES DU RETOUR AU PAYS PEUVENT CACHER UN MAL-ÊTRE

La longueur et la froideur de l’hiver québécois sont souvent mis de l’avant, ainsi qu’un décalage culturel, la distance avec la famille ou le temps que prend la transition professionnelle.

Selon Sébastien Maussion, thérapeute en relation d’aide, « Si l’immigrant quitte son pays d’origine pour un désir d’aventure, les raisons qui motivent le retour peuvent sembler bien matérielles. Elles cachent souvent un mal-être qu’il faut prendre le temps d’explorer. Rentrer précipitamment n’est pas forcément la solution ».

Pour Matthieu, chef de cuisine, la naissance d’un premier enfant a été le déclencheur du retour en France. « Je ne pensais pas que l’idée d’éduquer mes enfants loin de mes parents allait autant me peser ». Le déchirement était tel que Matthieu n’était plus capable de voir les bons côtés de sa vie au Québec. Il est rentré en France après 3 ans à Montréal.

RETOURS ET NOUVEAUX DÉPARTS : SE DONNER LE TEMPS DE LA RÉFLEXION

Matthieu a trouvé du travail à 700 km de chez ses parents. « Je pensais qu’être en France allait tout changer ». La réalité du quotidien l’a rattrapé. « Je me suis retrouvé à travailler 70h/semaine, payé au salaire minimum. J’ai réalisé que la conciliation travail-famille allait être plus difficile encore en France qu’au Québec et après 2 ans, nous sommes retournés vivre à Montréal ».

Selon M. Maussion, quand l’envie de retour émerge, il est important de commencer par évaluer son bien-être au quotidien. « Souvent, ce n’est pas notre vie de tous les jours qui est désagréable, mais des manques émotionnels que l’on n’a pas encore réussi à combler dans son nouveau pays ».

M. Maussion suggère de se donner le temps de l’introspection pour ensuite mettre en place ce qu’il appelle des « espaces de sécurité affective » qui permettent de se ressourcer. Par exemple, lutter contre l’éloignement familial en ajustant son quotidien et en se donnant les moyens de rentrer plus souvent. 4 ans après leur retour au Québec, Matthieu et sa famille sont parvenus à trouver un nouvel équilibre. « J’ai décroché un poste de chef qui me laisse weekends et congés. La famille de France me manque mais vient plus régulièrement. D’une certaine façon, on se sent moins loin ».

Pour un dossier complet sur la question du retour, téléchargez gratuitement le dernier numéro du magazine d’Immigrant Québec, « Partir ou rester ? ».

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