Grosse-Île : l’île de la quarantaine

Culture et histoire du Québec


New York et les États-Unis ont eu Ellis Island, Québec et le Canada, Grosse-Île qui malgré son nom ne mesure que 2,7km de long sur 800m de large. Située au milieu du fleuve Saint-Laurent, la Grosse Île a servi de station de quarantaine de 1832 à 1937 pour le port de Québec qui vit entrer plus de 4 millions d’immigrants venant de 60 pays. Il s’agissait, à l’époque, de la principale porte d’entrée des immigrants au Canada.

MÉMOIRE VIVE

Aujourd’hui, peu de gens au Québec et encore moins de touristes savent qu’il est possible de visiter les bâtiments de cette île de la quarantaine dont une grande partie ont été rénovée. Inspection, désinfection, détention…

Lors de la passionnante visite guidée, on est replongé dans cet univers cruel où les biens portants étaient séparés des malades, où le désespoir et la maladie côtoyaient l’espérance et la volonté de se bâtir une nouvelle vie. En 1847, la Grande Famine irlandaise provoque une émigration massive vers le Canada. Affaiblis par la malnutrition, les immigrants arrivent dans un état déplorable, des milliers meurent du typhus et plus de 5 000 seront enterrés dans le vaste cimetière aujourd’hui baptisé cimetière des Irlandais.

Un épisode tragique, parmi d’autres. Et déambuler au milieu de ces centaines de petites croix blanches, découvrir les salles de désinfection avec leurs douches spartiates ou encore l’immense dortoir blanc de l’hôpital Lazaret ne laissent pas indifférent. C’est aussi une belle façon de découvrir le peuple et la culture canadienne et nord-américaine.

LE SENTIER DU MIRADOR

Après votre visite des installations de la quarantaine, une belle balade d’environ une heure et demie le long d’un sentier de 2,5 km est possible et vous serez à même de découvrir toute la richesse naturelle de Grosse-Île.

Au départ de la très jolie baie du choléra, il est possible de suivre sur un tracé de niveau intermédiaire afin d’accéder à l’un des points les plus élevés de l’île. Trois belvédères ponctuent d’ailleurs la promenade avec des vues spectaculaires sur le fleuve et l’archipel, mais aussi sur Le Cap Tourmente et les contreforts du Charlevoix. Les amateurs s’intéresseront aux plus de 600 espèces végétales qui poussent dans les clairières et sous-bois, dont les fameux choux puants, une plante de la famille des Araceae qui après sa floraison ressemble à un gros chou et répand une odeur nauséabonde lorsqu’il est froissé ou piétiné.

Les plus chanceux apercevront en chemin la couleuvre rayée ou à collier et des cerfs de Virginie qui prolifèrent dans l’île.

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Philippe Renault

Après avoir beaucoup voyagé et réalisé des reportages pour des magazines de voyage, de sport et d’aventure, Philippe Renault a décidé de se poser à Montréal, selon lui un des meilleurs endroits au monde pour bien vivre et s’épanouir. Du Québec, il aime la variété des paysages au gré des saisons avec une préférence pour l’automne. Pour les photos urbaines, en revanche, l’été à Montréal est sans aucun doute le meilleur moment avec ses festivals, ses ambiances de rue et son côté décontracté. Il est l’auteur de plusieurs livres et guides sur le Québec et le Canada, parmi ses derniers ouvrages on trouve Montréal insolite et secrète (éditions Jonglez 2017), S’installer à Montréal (éditions Héliopoles 2017) et le Tour du monde à Montréal (éditions Ulysse 2014).


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