L’ours polaire : Une icône du Grand Nord québécois

Observation de la faune


Sa puissance, sa beauté, la précision de ses chasses ainsi que les paysages dans lesquels il évolue, laissent sans voix. Rencontre avec l'ours polaire.

Pas étonnant que cet animal du Québec connaisse un tel succès. Il incarne à lui seul la démesure et la splendeur arctique.
 Rencontre avec le roi incontesté des grands espaces nordiques, une icône du Grand Nord québécois : L’OURS POLAIRE.

L’ours polaire : grand et puissant

Sa puissance, sa beauté, la précision de ses chasses ainsi que la virginité des paysages dans lesquels il évolue, laissent bouche bée. C’est un fantôme. L’eau au niveau des yeux, humant l’air de la truffe à quelques centimètres au-dessus de la surface, il prospecte les glaces dérivantes à la recherche de ses proies.

Endormi dans la toundra ou se mettant en marche sur le littoral après s’être extrait de l’eau dont il paraît se jouer des températures effroyables, il vagabonde. Voir un mâle adulte prospecter chaque recoin d’une baie englacée pendant des heures, là où un homme serait mort d’hypothermie en quelques minutes, laisse l’esprit sans repère. Des visions irréelles de beauté, d’instants que seul le Grand Nord peut offrir.

Le Québec arctique fait partie de ces lieux magiques et abrite une partie des sous-populations d’ours polaires du détroit de Davis, du bassin de Foxe et du Sud de la baie d’Hudson. Le littoral de l’Ungava est son royaume…

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Ours polaire grimpant © Benjamin Dy

FORMIDABLEMENT ADAPTÉ

Son nom scientifique Ursus maritimus ne laisse place à aucun doute. Même s’il est le plus grand carnivore terrestre, son habitat est bien évidemment le milieu marin par l’intermédiaire des glaces de mer.

Sa grande tête rectangulaire, ses petites oreilles arrondies, ses puissantes pattes et sa superbe fourrure blanche le distinguent sans équivoque des autres ursidés.
Ses yeux, son museau, ses lèvres et ses coussinets sont noirs, tout comme sa peau dissimulée sous son épaisse fourrure. Cette dernière est composée de longs poils denses et lustrés appelés jarres et d’un épais duvet situé à leur base. Translucide et creux, ces poils de garde ont la double fonction d’isoler l’animal en emprisonnant de l’air, ainsi que de laisser passer un maximum de lumière vers sa peau qui en absorbe toutes les longueurs d’onde et un maximum de chaleur.
Cette fourrure, en absorbant davantage les rayons violets et ultraviolets, lui donne par ailleurs cette apparence plus jaunâtre que parfaitement blanche. Ainsi, tout en pouvant passer inaperçu dans son univers de glace pour traquer ses proies, il maximise son autonomie thermique. Ces premières couches de protection sont complétées par une épaisse couche de graisse sous-cutanée qui finit de l’armer contre le froid mordant du climat polaire.

À LA CHASSE AU PHOQUE

L’ours polaire se nourrit à plus de 90% de phoques marbrés, barbus, du Groenland, à capuchons et communs. Ce qui l’intéresse en premier lieu, c’est la graisse blanche qui enveloppe l’animal juste sous sa peau. La digestion et l’absorption de cette graisse nécessitent en effet peu d’énergie et l’ours polaire l’assimile à près de 98 %.
Ainsi, ce prédateur fréquente principalement la banquise se situant au-dessus du plateau continental qui représente les zones marines les plus productives et riches en phoques. C’est pourquoi, même s’il est capable de parcourir la banquise sur des milliers de kilomètres, il passe en réalité une grande partie de sa vie à moins de 80 km des côtes.

C’est principalement au printemps que la chasse est pour l’ours polaire la plus fructueuse. À cette période, les femelles de phoques marbrés et du Groenland mettent bas. Même si les blanchons du phoque marbré sont dissimulés sous la neige dans des tanières uniquement accessibles par des failles qui se rendent à l’eau libre, son odorat lui permet de les détecter. Il tentera d’effondrer la voûte de neige au-dessus du blanchon pour s’en saisir avant qu’il ne soit retourné à l’eau. Il chasse également les adultes près de leurs trous de respiration. Puis plus tard, lorsque la banquise se disloque, il les traque à l’approche dans l’eau alors qu’ils se reposent sur des plaques dérivantes.

L’été, dans les régions où l’absence de glace ne lui permet pas de se nourrir de phoques, il est attiré par les colonies d’oiseaux qui nichent au sol comme les eiders, les bernaches et autres anatidés afin de se nourrir de leurs œufs. Il se nourrit également des poussins tombés des falaises, des colonies de mouettes tridactyles et de guillemots.

L’hiver, à l’exception des femelles gravides, les ours polaires arpentent la banquise, guidés par leur odorat, attirés par les polynies et les chenaux, seules zones d’eau libre qui permettent aux phoques de respirer dans cet univers solide. Mais l’hiver n’est pas une période d’abondance.

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Ours polaire © Benjamin Dy

AU CHAUD DANS LA TANIÈRE

À la fin de l’automne ou au début de l’hiver, entre la mi et fin décembre, la femelle donne en général naissance à deux minuscules et aveugles oursons de 600g, au cœur d’une tanière provisoire construite dans un névé le plus souvent à flanc de montagne.
 Ces tanières sont principalement creusées sur le versant sud de collines où les vents dominants du nord forment d’épais bancs de neige. Elles peuvent également être creusées dans le sol comme en baie d’Hudson. Dans cet antre, il peut faire jusqu’à 20 °C de plus qu’à l’extérieur.

La femelle y rentre en léthargie, mais n’hiberne pas vraiment. Son rythme cardiaque, normalement compris entre 40 et 70 battements par minute, ne dépasse alors pas les 12. Sa température interne diminue de 3 à 7 °C. Elle va y allaiter ces jeunes pendant 4 mois et perdre la moitié de son poids.

Vers la mi-avril, la femelle sort de sa tanière accompagnée de ses oursons qui pèsent alors une dizaine de kilos. Cette petite famille va rester unie 16 à 26 mois et l’allaitement durera environ 1 an. Plus tard, elle leur apprendra à chasser. Ainsi, une femelle ne peut donner naissance à des jeunes que tous les 3 ans environ.

Les accouplements ont lieu pendant les mois d’avril et de mai, lorsque les ours blancs chassent les phoques sur la banquise. Cependant, une diapause embryonnaire a alors lieu et l’œuf utérin fécondé ne commencera à se développer qu’entre la mi-septembre et la mi-octobre. La femelle porte donc l’embryon pendant 8 mois, mais la gestation effective ne dure que 65 jours.

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Ours polaire et son bébé © Benjamin Dy

Biologie
• Nom scientifique : Ursus maritimus
• Hauteur au garrot : 1 à 1,5 m.
• Longueur : mâles de 2 à 3 m ; femelles d’1,8 à 2 m.
• Poids : mâles de 400 à 600 kg (record connu : 1 002 kg) ; femelles de 200 à 350 kg.
• Maturité sexuelle : mâles entre 8 et 10 ans ; femelles entre 4 et 5 ans.
• Surface de prospection par an : 15 000 km² à 600 000 km² en fonction de l’abondance de ses proies. Jusqu’à 50 kilomètres par jour.
• Dimension moyenne des tanières pour la mise bas : 2,40 m de large, 3 m de long, 1,20 m de haut.
• Nombre moyen de phoques qu’un ours consomme par an : 40 à 60.
• Période où l’ours polaire a commencé à se distinguer des ours bruns : 150 000 ans.

Observation de l’ours blanc au Nunavik :
• Avec Aventures Inuit

• Avec Rapid Lake Lodge

• Avec Great Canadian Wildlife Adventures

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Benjamin Dy

Benjamin Dy est biologiste, photographe de faune sauvage et écrivain naturaliste. Ce franco-canadien de 35 ans vit au Québec depuis presque une quinzaine d’années et n’a de cesse de parcourir son magnifique territoire à la recherche d’images et de reportages. Avant tout attiré par les espaces sauvages, ces régions naturelles de prédilections sont celles des Appalaches, des Laurentides et du plateau de la Basse Côte Nord avec sa superbe Minganie. Ses ultimes destinations photographiques québécoises sont les paysages de bout du monde du Nunavik où il mène régulièrement des expéditions pour ses projets personnels. Pour lui, les espaces sauvages du Québec et du monde entier sont une source d’épanouissement et de découverte sans limites.