La buveuse de thé devenue accro au café


C’est l’histoire d’une infidélité (au thé) devenue passion qui parfume les lignes de Caféine, véritable hommage aux cafés indépendants du Québec et de Montréal en particulier. Son auteure, la journaliste globe-trotteuse Sarah-Émilie Nault, y partage ses découvertes et ses rencontres, le tout enrobé d’informations et de réflexions sur cette boisson réconfortante menacée par le réchauffement climatique.

J’ai rencontré Sarah-Émilie Nault au Café Lézard, adresse incontournable de la Promenade Masson, dans le quartier Rosemont-La-Petite-Patrie à Montréal, où cette journaliste spécialisée dans le voyage a ses habitudes. À peine arrivée, elle s’est confondue en excuses pour son léger retard. Pas de quoi fouetter un chat.

Tout juste revenue du Mexique, cette pétillante pigiste à l’enthousiasme contagieux m’a accordé une entrevue pour parler de son récent livre, Caféine, paru récemment aux Éditions Parfum d’encre. L’amateur de café qui percole en moi l’a siroté avec intérêt. Notamment le chapitre où l’on nous explique par le menu les différentes étapes de dégustation (le cupping), en compagnie d’un goûteur professionnel, à l’instar du sommelier avec le vin. Ou celui consacré à un laboratoire unique en Colombie, dont la mission est de trouver une parade à la menace qui pèse sur cette industrie florissante à cause du réchauffement climatique. « Ils fabriquent des embryons dans le but de produire des plants de café plus résistants aux insectes et aux champignons, mais aussi aux conditions météo prévues au cours des prochaines années », précise la native de Québec, fascinée par ce projet scientifique dont la presse s’est fait l’écho, notamment le magazine L’actualité, dans un dossier publié en août 2017.

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Au Café Lézard, une des institutions de la Promenade Masson, où l’on prend plaisir à lézarder devant un bon bol de café latte.

DE L’ARBRE À LA TASSE

Illustré par le photographe Zach Baranowski, Caféine est à l’image de la ville qu’il sillonne : bigarré et protéiforme. Préférant opérer par thématique, au lieu de se cantonner à une présentation par quartier, Sarah-Émilie Nault emmène le lecteur dans un microcosme qui étonne et séduit par sa richesse et sa diversité. Des cafés hybrides aux cafés verts et communautaires, en passant par les cafés design, ceux qui font voyager ou bien encore les institutions, il y en a pour tous les goûts.

L’auteure y partage une foule d’adresses – une centaine – principalement à Montréal, en enrobant le tout de portraits, d’entrevues et de témoignages, mais aussi de réflexions et d’informations sur une industrie et un univers dont elle ne connaissait rien il y a encore trois ans. Hommage aux artisans de la 3e vague – des chantres du terroir soucieux à la fois de la qualité du produit et de sa provenance, selon le principe « de l’arbre à la tasse » – Caféine fait la part belle aux cafés indépendants qui ont colonisé la métropole et semé des petites graines dans les régions de la province, avec leur atmosphère et leur caractère singuliers, qui font notamment le bonheur des travailleurs autonomes.

UN AMOUR DE CORTADO

Avant de battre des paupières énamourées pour le café, Sarah-Émilie trippait plutôt sur le thé. Jusqu’à ce séjour en Italie, dans la sérénissime Venise, où une histoire balbutiante a pris racine sur ses lèvres, par le biais d’un cappucino censé la libérer des griffes du décalage horaire. « Ce fameux café, je l’ai dégusté par pure nécessité, dans le simple but de me tenir éveillée », écrit-elle dans la préface. À l’époque, l’expérience ne lui laisse pas un souvenir marquant. Mais elle persistera, gravira les échelons de la découverte au contact de passionné(e)s, mélange de baristas, de torréfacteurs et de propriétaires de cafés, à qui elle souhaitait rendre hommage à travers son livre.
Un hommage aussi à tous ces endroits qui en déploient les fragrances. La convertie livre d’ailleurs cette confession, page 118 : « Depuis que j’ai commencé à les fréquenter, les discussions et les sourires sont plus faciles. Le temps passé avec des amis, assurément plus sincère aussi. »

Caféine, lieux et artisans d’ici (Ed. Parfum d’encre), 226 pages, 24,95 $.

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1. Sarah-Émilie Nault en compagnie du chanteur Sylvain Cossette, grand passionné de café, qui a droit à un portrait dans Caféine.
2. Photo prise à Portland, en Oregon, une des places fortes des cafés indépendants aux États-Unis.


BON À SAVOIR

Une application mobile – gratuite – permet de partir à la découverte des cafés indépendants à Montréal, à Québec et dans certaines régions. Son nom : TH3RD Wave. Avis aux amateurs !

Un peu de lecture avec ça ? Ça tombe bien, car les amoureux de café peuvent désormais compter sur le média Corsé Magazine, une production 100% québécoise dont le premier numéro a été lancé en juillet 2018. Au menu : « Des portraits de baristas, de cafés et de torréfacteurs, mais aussi la science et les enjeux derrière un café de qualité. »

Enfin, si vous souhaitez vous glisser dans la peau d’un barista, sachez qu’il existe une académie de café à Montréal, où l’on vous apprendra entre autres comment réaliser deux dessins de base (le cœur et la rosetta) sur votre micro-mousse. Un bon début pour épater votre entourage !
À noter que l’art latte a même eu droit à ses premiers Olympiques le 30 septembre dernier à Montréal. L’épreuve avait alors rassemblé la crème des baristas du Québec. Vivement 2019 !

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Olivier Pierson

Journaliste depuis une vingtaine d'années, Olivier a œuvré en France au sein de la presse quotidienne régionale, traitant de sujets aussi divers et variés que le sport, la politique ou les faits divers... C'est désormais à la culture et au tourisme de plein air que ce fondu de marche consacre la majeure partie de son temps, toujours friand de découvertes et de rencontres, mais aussi de nouvelles expériences !